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REGARD SUR Phillyrea angustifolia : un alavert peut en cacher un autre

Phillyrea angustifolia et son hybride P. x emporitana sont deux taxons variables, de surcroît confondus, aux agréments distincts.

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En climat chaud, l'alavert à feuilles étroites Phillyrea angustifolia est un dur à cuire, mais il résiste aussi aux grands froids de courte durée. Il est généralement originaire de régions où pousse l'olivier. Sur des sols calcaires ou peu acides, il est assez commun dans les formations ouvertes méditerranéennes, de l'Albanie au Portugal, et de la Lybie au Maroc. Des plantes spontanées existent aussi en France en climat un peu plus frais, notamment le long de l'Atlantique. La hauteur de cet arbrisseau sempervirent bas, compact et très ramifié, varie entre 50 cm et 2 m. L'importance de son développement varie beaucoup selon le sol disponible. Sa feuille opposée, coriace, d'un vert mat, est linéaire, étroite de 4 à 8 mm et longue de 3 à 6 cm, avec un rapport L/l supérieur ou égal à 3,5. Elle est bordée d'une marge translucide et sans nervures secondaires saillantes. La floraison axillaire est très généreuse mais insignifiante, chaque fleur réduite à deux étamines dans un petit calice blanc en coupe. La fructification mûrit en automne, elle est souvent abondante, formée de petites drupes de 3 à 5 mm de diamètre, globuleuses, pruineuses, noir bleuâtre et apiculées, consommées et dispersées par les animaux. Avec ses rameaux à angles droits formant un buisson dense et globuleux, cette plante peut être cultivée jusqu'au climat de Paris.

Bien les distinguer

Encore faut-il la distinguer de son hybride emporitana, proposé dans le commerce sous le nom impropre de angustifolia. Cet arbrisseau, d'un développement beaucoup plus important, mesure de 2 à 4 m de haut, généralement avec des rameaux denses dressés, et un port moins gracieux. Sa feuille elliptique, plus large, plus nervurée, est d'un rapport L/l de 2,5 à 3,5. P. angustifolia est une plante basse à croissance lente, calcicole, héliophile, intéressante pour les rocailles, les talus très secs bien exposés, les régions à climat doux. Elle peut entrer dans la composition de scènes raffinées dans des jardins soignés, ou rendre au contraire service dans la couverture extensive de sols secs. P. emporitana, beaucoup plus volumineux, supporte plus d'humidité et d'ombre. Dans n'importe quel sol pas trop mouillé, il est précieux dans la création rapide d'écrans visuels. Au soleil, ils peuvent remplacer le buis en climat doux. Ils supportent toutes les tailles sans drageonner et sont dotés d'une belle longévité. Leur aptitude à se développer dans les stations difficiles - périodes sèches, concurrence de grands arbres, sols médiocres - s'avère remarquable.

Christophe Chambolle (*) et Valéry Malécot (**)

(*) Ingénieur conseil en horticulture et paysage. (**) Maître de conférences en botanique.

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